Rallye du chablais, 1-2 juin 2012

La Région Nord vaudois, Mercredi 6 juin 2012

Les joies et les peines des Nord-Vaudois

Comme on s’y attendait, Sébastien Loeb n’a pas seulement fait acte de présence au Rallye du Chablais, il y a mis la pâtée à tous ses adversaires, terminant avec plus de 5’30 d’avance sur son dauphin Ivan Ballinari, bouclant les 14 spéciales en 1h29.

Du côté des régionaux, Olivier Gillet (Orges) et Jean Deriaz (Yverdon) avaient décidé de faire équipe, comme au bon vieux temps, dans la course des voitures historiques, à bord d’une Alfa Alfetta GTV6.

Un rallye «test» pour eux, devant éprouver quelques modifications effectuées à la voiture. «La première journées n’a pas été à l’avantage de notre monture, un peu lourde et pas facile dans les spéciales lentes ou avec des relances», relève Olivier Gillet.

Le duo nord-vaudois pointait tout de même à la quatrième place du général vendredi. Le lendemain, les choses sont reparties très fort avec trois spéciales remportées, une première place provisoire, avant l’avant-dernière spéciale et un problème de pompe.

Gillet-Deriaz se sont retrouvés à dix secondes du leader avant la dernière épreuve à Collonges. «Une prestation nette et sans bavure jusqu’à la rupture d’un cardan dans la dernière épingle, en montée bien sûr, déplore le pilote d’Orges. Et à 50 mètres de l’arrivée !» De quoi les pousser à l’abandon.

En moderne, le Bavoisan Michel Nicollier (Renault Clio R3) a lui aussi été contraint à l’abandon. Bryan et Sandrine Kaltenrieder sont en revanche allés au bout de leur deuxième rallye à bord de leur Honda Civic N2. Les Pomérans se sont classés au 55e rang final.

Reste Thierry Krummenacher, le pilote yverdonnois de la Koala Rally Team, épaulé par Christine Théoduloz. Pour eux, les choses se sont bien mieux déroulées qu’au Critérium jurassien. Une 43e place au général, une 6e en R1 et une 5e au Trophée Twingo. «On a senti une nette différence, une belle progression en ce qui concerne les sensations», se réjouit «Krumm».

Le pilote marsupial se disait super content des améliorations, impatient de poursuivre dans cette optique pour le Tessin, prochain épreuve nationale au calendrier.

Avant cela, pour préparer au mieux le rallye tessinois, Thierry Krummenacher sortira à nouveau sa Twingo à l’occasion du Slalom de Chamblon, qui a lieu les 16 et 17 juin prochains.

M.G.

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Auto & Sport: Vous avez vraiment pris votre retraite sportive? Olivier Gillet: Les copains me disent que ce n’est juste pas possible. Greg Hotz et compagnie me répètent: «Tu seras au Rallye du Valais.» Je réponds: «Non, je serai en Sardaigne!»

La chasse aux sponsors, ça n’a jamais été votre truc? Je pense que j’ai plein de qualités, mais là je ne suis pas bon car j’ai l’impression de devoir faire la pleureuse. Pourtant, j’ai été bien aidé au cours de ces dernières années. Sans le soutien de Gérald Bugnon, nous n’aurions pas pu finir le championnat et remporter le titre en 2005. Aujourd’hui, il me donne beaucoup de travail, à commencer par ses Alfa Romeo que j’entretiens.

Vous arrêtez aussi les courses historiques? Non. Je vais participer à deux ou trois rallyes avec l’Alfa GTV6, en commençant par le Sanremo à la fin de ce mois, puis en enchaînant avec un rallye dans la Drôme. Je roulerai également au volant de la GTA en championnat d’Europe de tourisme, à Donington et sur le Nürburgring.

Les mêmes sensations que dans une voiture moderne? On envoie la même chose, mais on n’a pas les freins d’une Super 2000 ou 1600. Il faut donc un peu anticiper. Avec la GTV6 , ça se passe relativement bien, mais avec les plus vieilles, mieux vaut bien connaître la route. Un freinage limite peut vite se transformer en chaleur. Il faut être assez précis et sérieux, mais si tu exploites ce produit à 100%, il se passe quelque chose.

Des voitures qui ont une certaine valeur? Oui, mais une fois qu’on est au volant, on n’y pense plus. D’ailleurs, le propriétaire de ces autos veut qu’on fasse des temps. On ne va pas faire n’importe quoi, mais s’il faut aller chercher une place, il n’y a pas de différence avec un rallye moderne.

En face, ils se battent aussi pas mal? Ah, ça ne rigole pas! Depuis 2005, le niveau est sacrément monté, les Porsche qui étaient de petites groupe 3 améliorées sont devenues de grosses groupe 4. Certains viennent avec des bagnoles incroyables. Si on veut suivre, on est obligé d’attaquer.

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L’Alfa la plus intéressante à rouler? Elles ont toutes quelque chose. La GTV6, plutôt lourde au demeurant, c’est assez spécial à rouler. Pour le moment, la plus facile pour moi, c’est la GTAM ou la GTV2000 groupe 2.

A Vuiteboeuf, vous faites de l’achat-vente. On vient vous voir pour votre passé de pilote? Au téléphone, le nom met en confiance, la personne sait que j’ai fait de la course automobile pendant 20 ans. Si tu es un branleau-manche, ça ne dure pas si longtemps.

En course, vous n’êtes pas souvent sorti de la route? Oui, mais quand ça m’arrive, il est rare que je termine dans l’herbe. En principe, il y a une glissière ou un arbre et c’est spectaculaire! Je suis sorti six ou sept fois en rallye et une fois en côte, à La Roche-La Berra.

Vous avez commencé en 1985? Au Slalom de Bière, en non-licenciés, au volant d’une Auto- bianchi 70 HP, ma voiture de tous les jours.

Une voiture qui vous a marqué? Oui. J’ai des albums complets de cette époque, de la 128 Coupé à la Rallye 3 en passant par la NSU TT ou la Dolomite Sprint. Quand j’ai roulé avec la GTA pour la première fois à Dijon et à Spa, en championnat de tourisme historique, je me suis retrouvé face à des Cortina et des BMW 1800. Je n’en pouvais plus!

Vous faites parfois des petites montées vers Ste-Croix? Non, c’est trop risqué. Je vais plutôt du côté de Villars-Burquin. Avec une Kadett, pas besoin de monter à 150, à 80 tu es déjà en train de corriger. C’était beaucoup plus vivant que les voitures d’aujourd’hui. A l’époque, tu ne pouvais pas conduire avec le Natel d’une main et envoyer des SMS.

Quelle période préférez-vous? J’ai été marqué par les années 70, mais les années 80, avec le frein hydraulique, la Sierra, la Clio groupe A, c’était fantastique.

Et la Studebacker de 1952? Elle est dans son jus, elle me plaît cette bagnole. Et elle plaît à ma chérie.

Vos passions en dehors de la voiture? C’est clair que j’ai loupé beaucoup de choses avec les rallyes. On voyageait, mais d’une autre manière. Il m’arrive de retourner dans de très beaux coins pour faire du vélo, en Ardèche ou au Ventoux. Je fais aussi beaucoup de ski de fond… Voyager, pour moi, ce n’est pas forcément aller à l’autre bout de la planète. Je ne me vois pas prendre l’avion pour aller faire un trekking au Pérou.

La course à pied, comme Eric Ferreux? J’ai arrêté il y a plus d’une année parce que j’avais deux ou trois petits tiraillements. J’ai stoppé pour ne pas avoir les problèmes que rencontrent certains potes. A la place, je pratique la marche en montagne, avec les bâtons. Là aussi, il y a de belles choses à voir.

En rallye, ce sont plutôt les descentes qui vous plaisent? Par contre, je déteste les descentes à pied. Je descendrais presque en marche arrière tellement je déteste.

Et en dehors du sport? Je n’ai pas assez de temps pour lire mais je vais m’y mettre un peu. Une fois que j’ai dévoré mes livres de bagnoles, je n’ai plus le temps pour autre chose. Mais je m’intéresse à des trucs, j’ouvre le dico, je cherche des mots, j’essaie de comprendre et de m’améliorer encore.

On dit que les pilotes de rallye sont particulièrement modestes... Je ne vois pas pourquoi je devrais être différent. Je fais les choses normalement, pas pour qu’on me voie. Si par hasard je refais un vrai rallye, ce n’est pas pour qu’on parle de moi, mais parce qu’il y a une belle opportunité qui se présente. Certains continuent car ils ne peuvent pas s’arrêter. Antonio Galli m’impressionne en continuant d’aligner des saisons complètes. J’ai l’impression qu’il sacrifie tout pour ça. C’est beau, mais moi ça me fait peur. Parce qu’il y a d’autres choses à côté…